Les problèmes rencontrés par le tourisme espagnol dépassent largement le cadre de la crise financière et économique. En 2009 la baisse du PIB touristique a excédé, pour la neuvième année consécutive, celle du PIB global espagnol.
« l’Espagne doit trouver un nouveau modèle de tourisme, remettre en question ses littoraux trop construits et essayer de redynamiser le tourisme national » (José Luis Zoreda). Le gouvernement espagnol a donc pris la décision d’accorder 1,03 milliard d’euros au secteur du
Figure 23 Image publicitaire "I need Spain"
Par ailleurs un accord a été signé entre le gouvernement et les régions d'Andalousie, les îles Canaries, les îles Baléares et la Communauté de Valence qui engage ces acteurs à investir 72 millions d’euros pour la promotion à l'étranger de ces différentes destinations jusqu'en 2012. L’Espagne a dévoilé une nouvelle campagne à l’étranger pour dynamiser son secteur touristique, avec un nouveau slogan («I need Spain»). Ce slogan remplace le «Smile, you’re in Spain» (Souriez, vous êtes en Espagne), est destiné à être vu par 400 millions de personnes dans 40 pays selon un communiqué le ministère espagnol de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce.
Les révoltes dans le monde arabe ont contribué à maintenir à flot le tourisme espagnol. Une aubaine pour l'Espagne, passée en 2010 de la troisième à la quatrième place des destinations touristiques dans le monde et devancée par la Chine. En 2010 les îles Canaries ont profité des projets de vacances contrariés par les soulèvements populaires en Egypte et en Tunisie. En 2011, les Britanniques et les Allemands ont été les plus nombreux à visiter l'Espagne, avec une hausse de touristes de ces pays de 9,3% et 3%, respectivement. Mais également les Italiens (+8,5%), les Scandinaves (+8,4%) ou les Français (+4,6%) était assez présents.
Figure 26 Manifestations à Séville. Avril 2012
L’activité touristique de l’Espagne est l’une des seules activités qui permettrait à l’Espagne de se maintenir à flot, en prenant en compte son taux de chômage effarant et donc la chute de la consommation des ménages espagnols.
La FEMP
C’est la fin d’un cycle pour le secteur touristique espagnol. Le nombre de touristes est décroissant. Le pays ne présente plus l’avantage d’offrir des prix moins élevés aux touristes (tout au moins dans les grandes métropoles). Avec la crise, les Communautés autonomes sont amenées à travailler ensemble. L’Espagne est devenue une destination "mure", le défi pour l’Espagne est donc d’innover et de se différencier. Il y a un réel dynamisme de décentralisation qui s’est mis en place entre les communautés autonomes et certaines villes, elles cherchent à se démarquer, se différencier les unes des autres.
En effet chaque communauté autonome est dotée de normes, mais il y a une forte volonté d’unification de ces normes au niveau national (la demande provient surtout des entreprises). En ce qui concerne l’urbanisme, fruit de l’histoire du pays, les régions se méfient de l’intervention étatique. L’autonomie locale est presque absolue. Quant à la promotion, la logique commerciale tend à faire travailler les communautés autonomes ensemble.
La crise financière actuelle empêche la création de nouveaux complexes immobiliers, ce qui parfois, comme effet secondaire, permet de sauvegarder le patrimoine naturel, il faut savoir que l’eau est rare en Espagne. 80% des régions touristiques connaissent un problème « stress hydrique », et il est difficile d’acheminer l’eau. Elle doit parfois provenir de loin.
Plan d’action commun entre la France, l’Espagne et l’Italie
Du faite de la proximité culturelle, linguistique, leurs racines latines, leur niveau économique, il a été décidé de joindre ces trois pays méditerranés à un plan d’action commun. Ce plan d’action visant à promouvoir ces trois états auprès des marchés lointains. Elle vise à « coordonner les offres touristiques en assurant la promotion commune des trois destinations, ainsi qu’a proposer des produits touristiques thématisés qui favoriseront les déplacements entre eux trois ». La promotion de ces trois pays s’articule autour de trois principaux atouts : l’œnologie, la gastronomie ; la patrimoine et la culture ; et le tourisme urbain axé sur l’aspect culturel.
Figure 29 Détroit de Gibraltar. Vu de l'Atlas (Maroc)
A. Quelques propositions de projets
La FEMP (Fédération Espagnol des Municipalités et Provinces) et le Gouvernement stimulent la financiation de projets touristiques dans les municipalités espagnoles, dans le Plan de Tourisme Espagnol à l’Horizon 2020. Il a pour objectif que le tourisme se convertisse en l’un des secteurs prioritaires dans les municipalités qui recourent au Fond de l’Etat pour l’Emploi et le Développement Local. L’idée est alors de faire connaître aux municipalités touristiques ces projets en matière touristique pouvant être financés à charge des 5 millions de ce Fond d’Etat, en réalisant une campagne d’information auprès de ces dernières de sorte de les aider à prévoir les actions de municipalités d’importance touristique. Au jour d’aujourd’hui, le tourisme est une priorité pour le Gouvernement et d’après le secrétaire de l’Etat du tourisme il faut étendre ce compromis aux provinces et municipalités. Voici quelques actions finançables à charge du Fond de Développement :
-Promotion du développement économique (par exemple le développement de réseaux sans fil avec accès WIFI sans les lieux d’intérêt touristique).
-Modernisation de l’administration touristique : développement de projets qui facilitent la relation citadin-touriste-Administration Locale.
-Développement environnemental dans les zones d’intérêt touristique : avec par exemple l’accessibilité et l’utilisation des énergies renouvelables.
-Actions du cycle intégral de l’eau dans le secteur touristique : projets d’amélioration de l’efficacité des réseaux d’approvisionnement en eau potable dans les zones touristiques...
-Gestion et traitement des résidus urbains : installation de conteneurs enterrés dans les zones touristiques spécialement sensibles à l’impact visuel.
-Actions de valorisation de la côte espagnole, plages et zones naturelles : projets d’amélioration et conservation des espaces protégés, de la côte et de l’intérieur, dans les zones de spécial intérêt touristique.
Les nouveaux enjeux pour 2020
L’environnement : suite à l’industrialisation massive des années soixante, de nombreux paysages espagnols ont souffert des constructions massives. Aujourd’hui le touriste est plus sensible à son environnement. Il faut donc restaurer cette image dans les mentalités. De plus au niveau de l'offre de tourisme culturel, il faut diversifier les produits et donc la mettre en avant. Les régions ont parfois du mal à mettre en valeur certains monuments historiques. En effet, les systèmes fiscaux diffèrent, ainsi que les modes de gestion et les acteurs (privés, Eglise, Fondations, etc.).